Tous les deux ans, au mois de mai, c’est le monde entier qui, brochures et carnets à la main, venait prendre la température du monde de l’art africain. J’était encore jeune — et certainement obnubilée par l’aspect festif des vernissages — mais j’éprouvais déjà une certaine fascination devant cette soudaine, et presque incongrue, unité africaine. En 2018, on y voit par exemple, l’Ivoirien Ouattara Watts, aux côtés du Tunisien Ali Tnai et du Zimbabwéen Kudzanai Chiurai. Quatre conceptions de l’Afrique diamétralement opposées, mais réunies entre les quatres murs de l’Ancien Palais de Justice de Dakar. Toutefois d’une salle à l’autre, derrière chaque nom, chaque plaque, chaque légende, c’est le même enjeu qui traversait l’espace : l’idée que ces artistes doivent aujourd’hui bâtir une tradition avec très peu de points de références. Car, oui, n’oublions pas qu’aux yeux du monde, l’artiste africain est une notion tout à fait récente.